lundi 7 avril 2008

La vie parisienne (il a neigé cette nuit)

Une bonne femme, vêtue de façon assez originale mais comme une personne relativement normale, monte dans la rame de métro, dans le wagon où je me trouve.

"Je vais vous interpréter "C'est beau la vie" de Jean Ferrat."

Et elle entame. Elle chante très faux, sa voix se brise dans les aigus, mais elle y va gaiement, pour que tout le monde, à commencer par moi au premier rang, puisse l'entendre. J'essaie de continuer à lire mon bouquin, j'essaie d'ignorer ce bruit, de faire en sorte que cette dame n'existe pas...

Mais c'est peine perdue. D'habitude, j'arrive à faire abstraction du monde. Du monde réel. Et là il s'impose à moi. C'est ça, je dois me sentir parasitée...

Alors je lève les yeux pour identifier cette horreur qui me tape sur les nerfs, c'est une simple bonne femme, avec une tête quelconque, dénuée de charme, un visage qui ne respire pas tellement la joie de vivre, mais j'en ai rien à foutre, elle peut souffrir tant qu'elle reste dans son coin, sans me cracher son existence minable à la face dès le matin, "les oiseaux se cachent pour mourir" mais elle n'a rien d'un gracile volatile, il suffit d'un coup de pied pour les faire partir, eux.

Vision de mon pied au travers de sa tête, qui écrase les os et la chair, même si ça salit mes chaussures ça fait du bien, ça ferait du bien si j'osais, si ça pouvait être un évènement isolé de la réalité, sans les conséquences et autres désagréments d'une expression d'émotion violente. Si je pouvais, si j'osais, si toute cette énergie pouvait sortir, si on pouvait tuer un jour juste une fois pour que tout notre énervement sorte, comme Jésus a expié les péchés du monde sur la croix, je voudrais expulser ma haine, éclater la tête de quelqu'un pour tout annuler, une fois, juste une fois...

Mais si, j'ai une morale, c'est bien ça le problème, et tout ça reste enfoui, j'ai une casserole d'envies de meurtre en train de bouillir, mais le couvercle tient bien, ya pas de risque.

"J'accepte aussi les tickets de métro, les cigarettes, les tickets restaurant, merci messieurs dames..."

C'est juste une journée qui a mal commencé.

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